• LES FAUX-MONNAYEURS //// JOURNAL DES FAUX-MONNAYEURS

    DEUX RÉSUMÉS DU ROMAN

    Publiés en 1925 dans la Nouvelle Revue française, Les Faux Monnayeurs sont aujourd’hui considérés comme une des œuvres les plus importantes du Xxe siècle: le roman annonce des mouvements littéraires comme le nouveau roman et est inscrit dans la liste du grand prix des meilleurs romans du demi-siècle.

    Les Faux-Monnayeurs se caractérisent par la liberté d’écriture et la multiplicité des personnages: Gide rompt ainsi avec la tradition littéraire du roman linéaire.

    À l’histoire centrale développant l’amitié ou l’amour qui unit les trois personnages principaux (Bernard, Olivier et Édouard) viennent se greffer des histoires secondaires, celles des deux frères d’Olivier (l’un devient fou, l’autre se livre à la délinquance) ou encore celle de Boris, un enfant fragile mené au suicide par un sentiment d’abandon.

     

    RÉSUME DÉTAILLÉ

    1. LE DÉPART DE BERNARD

    Lorsqu’il découvre que son père, Albéric Profitendieu, juge d’instruction, n’est pas son père biologique, et qu’il est en réalité le fruit d’une faute commise par sa mère dans sa jeunesse, Bernard décide de quitter son foyer. Il demande alors à son ami Olivier Molinier s’il peut l’accueillir pour la nuit. Avant de partir, il laisse à sa famille une lettre expliquant la raison de son départ. Albéric la découvre en rentrant chez lui, après une discussion avec Oscar Molinier, le père d’Olivier, au sujet d’une affaire de mœurs impliquant des enfants et des adolescents. La lettre le blesse profondément, lui qui aime Bernard et son côté rude et indompté comme il n’a jamais aimé ses autres enfants.

    Vincent, le frère ainé d’Olivier, un étudiant en médecine, accepte de s’occuper du père du comte de Passavant, très mal en point suite à une opération. Cela lui permet de gagner l’argent dont il a besoin pour subvenir aux besoins de Laura Vedel, l’épouse de Félix Douviers, qu’il a mise enceinte et dont il se sent responsable. Il finit pourtant par la quitter pour une amie du comte de Passavant, Lady Griffith.

    De son côté, Édouard, le demi-frère de la mère et romancier, relit dans le train qui le ramène à Paris une lettre de Laura qu’il a jadis aimée: la jeune femme implore son aide. Olivier l’attend à la gare: les deux hommes sont particulièrement heureux de se retrouver, mais cette joie est si pudique que leur entretien se déroule dans la gêne et l’agacement. Édouard, nerveux, jette sa consigne par terre, et Bernard, qui les suivait à quelques pas, ramasse le papier. Alarmé par la situation de la jeune femme, Bernard se met en tête de la sauver grâce à l’argent trouvé dans le portefeuille d’Édouard. Il se rend alors à son hôtel et se présente à elle comme un ami du frère de Vincent Molinier, qui l’a lâchement abandonnée. Au même moment, Édouard se manifeste, mais prend le vol de sa consigne avec indulgence: si Bernard a volé la valise, c’est surtout pour entrer en contact avec cet oncle qu’Olivier aime tant. Édouard va même jusqu’à engager le jeune homme en tant que secrétaire et l’emmène avec Laura en Suisse, d’où il doit ramener Boris.

    En lisant les carnets d’Édouard qu’il a trouvés dans la consigne, Bernard découvre qu’Olivier est complètement différent avec ses autres amis, Sarah et Armand, et éprouve un peu de dépit à l’idée «de ne pas en être». Il y relate aussi une visite qu’il a faite au vieux La Pérouse, son ancien professeur de piano, dont le fils est mort, et qui prétend qu’on lui cache son petit-fils, Boris. Enfin, l’écrivain y décrit le mariage de Laura, évoquant par la même occasion la pension protestante dirigée par la famille Vedel-Azaïs.

    Le même jour, Olivier se rend chez le comte Robert de Passavant. L’écrivain propose au jeune homme de devenir rédacteur en chef de sa revue littéraire. Ils partent ensuite ensemble en Corse.

     

    2.LA LETTRE

    Dans une lettre à Olivier, Bernard raconte ses aventures avec Laura et Édouard à Saas-Fée. Il avoue à son ami être tombé amoureux de la jeune femme, et lui narre leur rencontre avec la psychanalyste Sophroniska, qui soigne Boris. Malheureusement, la jeune femme l’éconduit poliment, après avoir pris la décision de retourner auprès de son mari. À la lecture de cette lettre, Olivier, ivre de jalousie, se sent évincé par l’amitié née entre Édouard et Bernard. Fou de rage, Olivier répond par le récit de son voyage auprès du comte en tant que rédacteur en chef de sa revue. Sa lettre est entièrement dictée par le dépit. Sans la moindre sincérité, il vante les mérites de Robert. Lorsqu’il la reçoit, Bernard fait lire la missive à Édouard: tous deux sont alors pris d’une envie de meurtre envers le comte. Par ailleurs, le jeune homme lui fait part de son projet de devenir surveillant à la pension Vedel, où Boris va être placé. Tous rentrent à Paris et Édouard ramène Boris à son grand-père. À la pension, Boris se sent différent et veut appartenir à une bande. Son choix se tourne vers les mauvaises personnes: Strouvilhou, Ghéri, Phiphi et Georges Molinier, des trafiquants de fausse monnaie.

    Comme l’on pouvait s’y attendre, les retrouvailles entre Bernard et Olivier se passent mal: haï de Bernard, le comte de Passavant est trop présent à son gout dans l’esprit d’Olivier. En outre, Bernard refuse d’écrire un article pour la revue, qui n’a dès lors plus aucun intérêt pour Olivier. De leur côté, Olivier, Bernard et Sarah, la sœur de Laura, se rendent au banquet littéraire des Argonautes. Bernard et Sarah entament une liaison, tandis que la mésestime et la réprobation d’Édouard et de Bernard à l’égard du comte deviennent trop pénibles pour Olivier, qui décide de rompre avec Robert et boit plus que de raison. Le lendemain, honteux de son ivresse lors du banquet et se sentant malaimé par ses deux amis les plus chers, Olivier fait une tentative de suicide chez Édouard. Afin de faire croire que la nouvelle l’arrange, le comte dissimule son dépit: il a décidé depuis longtemps de remplacer Olivier par Strouvilhou. Cependant, son entretien avec ce dernier s’avère être un échec: l’homme cherche trop à démonétiser tous les beaux sentiments, ce qui n’est pas des plus vendeurs auprès du public. Parti en Afrique avec Lilian, Vincent est devenu fou et l’a tuée. Édouard et Olivier, quant à eux, vivent enfin leur amour et le roman d’Édouard, Les Faux-Monnayeurs, avance à grands pas. En tant que juge d’instruction, Albéric Profitendieu se rend chez Édouard sous prétexte de lui demander de prévenir Georges: s’il ne cesse pas ses trafics, il sera forcé de le faire incarcérer. Mais il se laisse finalement envahir par l’émotion et demande à Édouard de prier Bernard de retourner chez lui: celui-ci accepte. Déçu de la présence de son petit-fils qu’il croit ne pas aimer, La Pérouse, au désespoir, tente de se suicider. Édouard lui propose de devenir répétiteur à la pension pour reprendre gout à la vie, mais les élèves lui rendent la vie dure. Rachel demande à Bernard de quitter la pension

    pour préserver l’innocence de sa sœur Sarah: leur relation a été dénoncée par leur frère

    Armand, choisi pour être rédacteur en chef de la revue du comte. Boris est mis à rude épreuve par la bande: cela l’amène à se suicider. Édouard n’a pas terminé son roman, et est pressé de faire la connaissance de Caloub, le frère de Bernard.

     

    RESUME SYNTHETIQUE

    1. HISTOIRE CENTRALE

    L'histoire centrale est celle de trois personnages, deux jeunes garçons lycéens et un homme de 38 ans, durant les quelques mois d'un été et d'automne.

    Bernard, lycéen parisien de 17 ou 18 ans sur le point de passer son bachot, découvre qu'il est le fruit d'un amour interdit entre sa mère et un amant de passage. Il en conçoit un profond mépris pour l'homme qui l'a pourtant élevé, mais qui n'est pas son père et qu'il n'a jamais aimé. Il décide de fuir la maison mais ne sachant où passer sa première nuit, il se réfugie chez un de ses amis et camarade de classe, Olivier. Ce dernier est un garçon timide en manque d'affection, qu'il cherche à combler auprès de ses amis proches ou de son oncle Edouard dont il est amoureux -amour réciproque, mais que ni l'un ni l'autre ne parviennent à exprimer. Cependant, suite à un concours de circonstance, Bernard se retrouve engagé par Edouard, qui exerce le métier d'écrivain, en tant que secrétaire et ils s'en vont tous deux pour un séjour dans les montagnes. Par dépit et jalousie, Olivier se laisse séduire par le comte de Passavant, écrivain à la mode, riche, dandy et pédéraste mais également cynique et manipulateur, qui convoitait le garçon depuis un moment et profite de ses états d'âme pour se l'accaparer. L'influence du comte sur le garçon est pernicieuse: Olivier devient mauvais, brutal, détestable même aux yeux de ses meilleurs amis. Il finit par s'en rendre compte et sombre dans une dépression noire, sans savoir comment faire machine arrière. Au cours d'une soirée mondaine, il se saoule et se ridiculise devant tout le monde puis sombre dans une torpeur éthylique. Il est rattrapé et soigné par l'oncle Edouard, dans les bras duquel il achèvera la nuit. Au matin, il tente de se suicider, non pas par désespoir dira-t-il, mais au contraire parce qu'il a connu un tel bonheur cette nuit-là qu'il a senti n'avoir plus rien à attendre de la vie. Il finira par rester vivre chez son oncle, grâce à la bienveillance de sa mère qui devine bien les relations liant son frère à son fils, mais ne veut pas les détruire.

     

     

    2. INTRIGUES SECONDAIRES

    Autour de cette histoire centrale gravitent plusieurs intrigues secondaires:

    - Celle du grand frère d'Olivier, Vincent, connaît avec une cousine éloignée une amourette au fruit amer puisqu'elle la rend enceinte. Lâchement il abandonne ses responsabilités pour se perdre auprès de lady Griffith, amie du comte de Passavant mais plus cynique encore, puis finit par assassiner cette dernière au beau milieu d'un voyage halluciné en Afrique.

    - Celle du petit frère d'Olivier, Georges, jeune garçon calculateur qui n'a pas froid aux yeux et vire à la délinquance, manipulé par un sous-fifre du comte de Passavant.

    - Celle d'un ami d'Olivier, Armand, désabusé et dépressif, qui vire au nihilisme absolu dans ses attitudes et ses idées. Il finit par trouver sa voie auprès du cynisme du comte de Passavant.

    - Les adultes du roman ont aussi leurs histoires : le père de Bernard, juge d'instruction qui suit une affaire où Georges se trouve mêlé ; le père d'Olivier, tiraillé entre sa femme, sa famille et sa maîtresse ; un vieil organiste qui rêve de retrouver son petit-fils perdu mais se trouve terriblement déçu lorsqu'il le rencontre.

    - Enfin, Boris, le petit-fils de l'organiste, jeune enfant fragile rencontré dans un sanatorium en montagne par Edouard et Bernard est ramené à Paris afin de l'éloigner de la maladie de Bronja, fille de sa doctoresse, qu'il vénère, mais aussi de ses penchants à la masturbation avec ses petits amis, attitude jugée honteuse et maladive à cette époque. Perdu, désespéré, abandonné de tous y compris d'Edouard qui s'était pourtant juré de s'en occuper, maltraité par Georges et ses copains, il sera la victime expiatoire d'un drame épouvantable qui clos le roman sur une note extrêmement sombre.

    - Par ailleurs, le roman est construit sur une mise en abyme puisque l'oncle Edouard, écrivain, est présenté comme en train d'écrire un roman intitulé Les Faux-Monnayeurs.


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