• Qu'en est-il de cette expérience qu'est la perception ?

    A mettre en rapport avec: la conscience, le corps (matière ) et l'esprit, l'interprétation, l'art.

    Problème: la perception est-elle sensation, réceptivité passive à partir des sens ( le corps ) ou représentation qui fait intervenir l'esprit ?

    Deux thèses antinomiques sur la perception, qu'il convient de dépasser.

     

    1) La perception est sensation pure, qui fait intervenir un mécanisme physiologique, sans participation initiale de l'intellect.

    C'est pas exemple le point de départ de certaines conceptions de la connaissance : le sensualisme ( Épicure ). L'empirisme ( Hume au XVIIIème siècle ) : toute notre connaissance provient des sens. Voir le contraste avec l'approche platonicienne à travers l'allégorie de la caverne.

    On pourrait ainsi objecter que nos sens nous trompent, Descartes, début Première Médiation. Mais il faut alors préciser, voire corriger : est-ce mes sens qui me trompent, ou moi dans les jugements ( énoncés ) que je porte. Si je dis : « je vois que le soleil a la grandeur d'une main, c'est vrai » ; mais lorsque je dis « le soleil est de la grandeur d'une main », je me trompe : la vérité ou la fausseté ne sont pas dans les sens, mais dans les jugements. Elles supposent une activité de l'intellect. ( perception de l'esprit ).

     

    2) C'est ici et à la suite de Descartes que la perception peut se rapprocher de la représentation en ce qui concerne la connaissance. Lorsque je perçois, je fais intervenir une « inspection de l'esprit », une activité intellectuelle : ce qu'est le morceau de cire ( une substance étendue ) n'est atteint ni par les sens, ni par l'imagination, mais par l'entendement. ( Expérience progressive du morceau de cire, Seconde Médiation ).

    Il en va de même lorsque je vois les chapeaux et des manteaux et que je dis que ce sont des hommes.

    Descartes se pose comme pensé en écartant le corps et l'esprit

    3) Cependant, cette démarche ( le solipsisme, fermeture de la pensée ) ne laisse t-elle pas de côté l'existence du corps par lequel je suis présent dans le monde, et son rôle fondamental ? Tel est ce que réintroduit la pensée phénoménologique de Merleau-Ponty, XXème. ( Manuel, texte p.65 )

    La perception est toujours organisée par l'esprit ( « percevoir » est « rassembler » ), mais elle suppose « le corps propre' », son habitation dans le monde auquel il donne sens. Déjà, la psychologie nous montre qu'il ne suffit pas de voir discerner ou percevoir, encore moins pour comprendre : l'enfant apprend peu à peu par son corps, son espace, à distinguer les objets et à les distinguer de son propre corps. L'expérience du monde se fait à partir du corps. Et la perception n'est pas neutre : elle dépend de mon histoire subjective, de ma particularité, issue d'une corrélation entre l'individuel et le social. On peut évoquer le test psychologique de Rorschach : on attribue à des stimuli visuels un sens qui est en fonction de son histoire et de sa personnalité.

    « Il n'existe pas l'oeil innocent », Goodman, (Manuel, texte p65 ) : percevoir, c'est interpréter.

     

    Percevoir n'est pas voir : la perception, n'est pas sensation pure, elle renvoie à une activité de l'esprit. Mais elle n'est pas non plus pur jugement, car l'homme n'est pas un « je pense » désincarné. L'homme est perception parce qu'il n'est pas pure pensée mais qu'il a un corps, et qu'il n'est pas face au monde, mais dans le monde, dont il constitue « un point de vue ».

    On peut alors substituer ici un « je perçois » à un « je pense » pour rendre compte d'une conscience impliquée dans le monde.

     


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