• Lévi-Strauss nous dit que le langage est “le fait culturel par excellence”. Effectivement, c'est par les mots que nous intégrons notre culture et que nous nous intégrons à elle. Notre rapport immédiat au langage ne nous pose pas de problème. Pourtant, il peut y avoir des difficultés à dire les choses.

    On peut ne pas se comprendre avec autrui, il peut y avoir des malentendus. Il y a des niveaux différents de langage --› vulgaire, soutenu, scientifique, philosophique.                                                                             Il convient de faire une distinction importante entre langage-langue-parole.

    --› Universalité du langage que l'on défini habituellement comme un instrument de communication, car il a une dimension sociale. Le langage prend sens car nous sommes seul.

    Rousseau fait de son homme originel hypothétique un être solitaire, langage en puissance.

    Le langage va se développer par la perfectibilité et le rapprochement des hommes.

    On peut faire un schéma de la communication: émetteur --› message --› récepteur ( qui deviendra à son tour émetteur ). On voit à travers cette terminologie ( façon de parler ) que le langage serait quelque chose de fonctionnel, technique.

    Ne faut-il alors voir dans le langage que son aspect utilitaire/efficace/pragmatique ?

    Si le langage n'est que cela, échanger/communiquer, alors parler tout seul serait une déviance.

    Cf --› André Martinet --› Fonctionnalité du langage

    Parler, c'est parler avec autrui. Parler tout seul est une anomalie. Relativement au langage, la langue est le déploiement concret du langage qui s'impose au individu d'une communauté sous la forme d'une grammaire et d'un vocabulaire.

    Langue --› Diversité ( contraire de l'individualisme )

    Parole --› Individualité / Singularité

    Acte physique, matériel qui met en jeu une disposition physiologique. C'est par la parole que je peux m'engager, m'exposer. C'est pour cela qu'il est parfois difficile de prendre la parole.

    Notons l'importance de la psychanalytique ( Freud ) --› Faire intervenir l'inconscient. Se connaître soi-même.

    Contrairement à ce que disait Nietzsche, dire “je” ne renvoie pas à un simple sujet grammatical.

    Comme le souligne Kant, c'est lorsque l'enfant commence à dire “je” qu'il prend vraiment conscience de soi.

    Pour voir et dénouer la complexité du pouvoir du langage, nous allons analyser une triple relation:

    • Le rapport du langage avec le réel

    • Le rapport du langage avec la pensée

    • Le rapport du langage avec l'autrui

    Qu'en est-il du rapport entre le langage et la réalité ?

    L'enfant va apprendre à nommer, désigner une chose sans qu'elle ne soit présente. Il s'agit de l'apprentissage progressif d'une langue dont il faut souligner la difficulté.

    L'abstraction de l'esprit. Cela nous fait prendre conscience de la distance entre la chose et le mot qui la désigne.

    Ex: Spinoza dit: “le mot chien ne mord pas”.

    Dés lors, le rapport entre la réalité et le langage est-il naturel ou au contraire arbitraire.

    Pour développer ce point, on va se référer à un dialogue de Platon --› Cratyle

    Problème --› Lorsque nous parlons, es ce que nous reflétons exactement la réalité

    3 personnes vont intervenir --› Cratyle, Hermogène, Socrate

    Cratyle nous dit ( thèse ) --› les choses imposent leurs dénominations / son appellation

    Il y aurait une ressemblance entre la chose et le mot. Et c'est là une conception mimétique du langage.

    Le mot imite la chose --› Conception onomatopéique ( imitation )

    Le langage selon Cratyle sera un vaste ensemble d'onomatopée.

    Cratyle prend exemple d'un mot grec --› skleroter ( dureté, fermeté ) et dit: “ les sons qui le composent reproduisent bien ce qu'ils veulent dire”.

     

    Thèse d'Hermogène: Soutient le contraire. Dit que les mots n'ont pas un rapport naturel avec les choses qu'ils désignent. Convention passée entre des hommes.

    Rapport chose/mot --› arbitraire.

    Comme un prénom choisi pour un enfant. Motivé par des préférences, émotions, traditions, mode.

     

    Quant à Socrate, il est intéressé par la thèse de Cratyle. Mais ne tranche pas.

    S'il ne se décide pas c'est parce que chacune des thèses à des contractions internes.

    En effet si Cratyle a raison, si les mots imitent les choses alors on parlerait tous la même langue.

    Autrement dit, la diversité des langues est un argument contre le cratylisme.

    Mais Cratyle a un nouvel argument, si les mots n'imitent pas les choses, c'est que nous parlons mal. Il va dont falloir réinstaurer une langue juste, propre, une sorte de langue originelle, peut-être là à l'origine, il nous fait des onomaturges --› des personnes qui organisent, construisent et surveillent le langage en fonction du critère du mimétique --› Langue universelle.

    Problème --› Politique

    Il faut nommer des fonctionnaires qui réglementent la langue, autorise/interdise.

    1984 --› Orwell --› une nouvelle langue est élaborée dont la pratique est contrôlée et qui légifère sur les mots

    Hermogène --› Il n'y a pas de raison d'appeler telle chose ainsi et pas autrement

    Problème --› Incompréhension ( par individualisme excessif, chacun aurait sa propre langue, ses propres mots ) --› Contraire à la fonction première du langage + communication.

     

    Parmi ces 2 thèses, il faut quand même nous pencher sur la seconde comme nous la montré cette science de l'homme: la linguistique.

    Ferdinand la Saussure. La linguistique montre bien que la relation chose/mot est arbitraire.

    Mais problème --› Est-ce que le mot ne nous éloigne-t-il pas des choses ? Révélant ainsi une certaine limite/impuissance du langage.

     

    Texte de Bergon, Le rire --› La relation langage / réel ( thèse ) et la relation mot / chose.

    Thèse --› Le langage est incommensurable avec la réalité, il ne saisit pas la réalité elle-même. Le langage généralise, il n'y a pas un mot pour chaque chose. ( l'apprentissage serait difficile ainsi que la communication ).

    Après les trois points du suspension, coupure. Ouverte, dernière phrase.

     

    I/ Pour mieux communiquer nous sommes obligé de délaisser le réel que nous pouvons saisir adéquatement, autrement dit le langage nous éloigne des choses.

    II/ D'une manière pédagogique, il nous envoie à nous-même, notre intimité et à sa richesse.

     

    Bergson prend des exemples radicaux --› amour/haine

    Émotions modérées --› joie/tristesse

    La singularité de mon expérience est irréductible à celle des autres et on va employer les même mots. De plus, je sens bien l'inadéquation entre la richesse de mon émotion et des mots pour l'exprimer qui deviennent alors pauvres: “les mots me manquent”.

    Il y a de l'ineffable ( ce qui ne peut pas se dire )

    Sujet --› Peut on tout dire ? ( Censure, liberté d'expression, réserve/sincérité, ineffable )

     

    Ouverture sur l'art

    Cependant ce que Bergson prend pour une limite, c'est peut-être une puissance. Le langage structure le réel/le monde, il permet de le maîtriser. Le langage forme la réalité. Il apporte de la signification qui ne se trouve pas dans les choses “elles-mêmes”.

    Lévi-Strauss --› “Avec l'apparition du langage, l'univers tout entier d'un seul coup est devenu signification”.

    La signification --› le sens, le vouloir dire que nous donnons à notre discours et qui donne lieu à une interprétation qui la plupart du temps est comprise immédiatement, mais peut amener à des quiproquos. La notion de signification s'apparente à celle de signe. Or, il se trouve que le signe est l'élément essentiel de la linguistique et comme pour l’ethnologie, la philosophie doit tenir compte des apports de la linguistique. Saussure analyse le signe et nous dit que le signe n'est pas exactement la même chose que le mot.

    En effet, le signe est composé de 2 facettes. Il y a d'une part un support matériel/phatique, c'est ce qu'on appelle le signifiant. D'autre part, il y a l'idée qui est véhiculée par le support --› le signifié.

    Ex --› mère ( signifiant ) --› celle qui a des enfants( signifié )

    Signifié / Signifiant sont 2 aspects indissociables.

    Le signe n'est pas l'équivalent d'un mot, autrement dit il peut y avoir plusieurs signes dans un mot.

    1ère idée --› la combinaison de signe identique permet la richesse au discours

    Le langage révèle qu'avec un minimum de moyen --› Richesse des effets.

     

    Principe d'économie --› Avec peu on obtient beaucoup. On peut le voir aussi si on s'attarde sur le signifiant --› composé d'éléments qui varient selon les langues, finalement en nombre limité --› 70 environ /// Phonèmes --› Sons sans significations.

    Le principe d'économie permet de confirmer la puissance du langage, mais également de voir la spécificité du mode de communication humain, car il n'y a pas de double articulation dans le mode de communication animal. Il n'y a pas de phonèmes dans la communication animale, ce n'est pas une communication par signe mais par signaux.

    Là où la communication animale est la plus développée, c'est lorsqu'il y a un groupe, une société animale.

    La communication est liée au biologique, conservation de soi et que les messages sont limités.

    Recherche par le linguiste Benvéniste.

    Autre idée --› la linguistique nous enseigne sur la relation langage/pensée, car la pensée n'est pas en dehors du langage, ne préexiste pas au langage. Elle est dans le langage, c'est le signifié.

    Il n'y a pas de pensée sans langage, ils sont indissociables. Si nous disons que le langage est l'expression de la pensée, c'est vrai s'il y a d'abord la pensée et que je l'exprime par la parole. Mais c'est faux si on dit qu'il y a la pensée puis le langage.

     

    Avant la linguistique, le philosophe Hegel confirme cette idée : “c'est dans les mots que nous pensons”. Autrement dit, le langage forme la pensée, sans lui, la pensée demeure brouillonne, confuse, en puissance.

    Descartes faisait la relation pensée/langage et dit que certains animaux semblent parler comme le perroquet, mais en font que répéter comme des machines.

    En transition --› intérêt de la formule de Platon qui nous dit : “Penser est un dialogue silencieux de l'âme avec elle-même”. Cela nous amène à la question du dialogue.

    Que se passe-t-il lorsque la pensée s'extériorise par la parole et que le moi s'engage, s'expose et rencontre d'autres sujets, d'autres moi, d'autres paroles, d'autres discours. Car la parole n'est pas toujours mécanique, elle permet de voir en autrui une autre pensée ce qui peut être problématique. --› Nous rencontrons le problème d'intersubjectivité –› ce qui est subjectif

     

    Texte de Platon, Gorgias, Art du discours

    Entretien, discussion sur un thème de circonstance. L'art de discourir. L'interlocuteur ici de Socrate est Gorgias qui est un grand sophiste, pour lui, il convient de maîtriser l'art du discours, l'art oratoire pour persuader autrui, pour se faire connaître et reconnaître --› Une arme pour s'imposer.

    Opposition entre le sophiste/philosophe sur la façon de parler, à l'échange, au dialogue.

    À travers cela c'est de nous même dont il est question à notre relation à autrui. Ici, c'est Socrate qui parle. Il s'agit d'une exposition de la manière de parler, une mauvaise discussion.

    Par contraste, nous pouvons dégager les critères du dialogue véritable.

    2ème partie du texte --› Socrate veut bien discuter avec Gorgias dés l'instant où celui-ci change de disposition d'esprit ou sinon ils n'arrivent à rien. Le dialogue fécond relève d'abord d'une disposition d'esprit. Tout d'abord, on a à faire à une discussion sur la discussion.

    Socrate va insister sur l'expérience d'un mauvais dialogue, d'un dialogue de sourds. Ainsi, on va commencer à se disputer, on veut avoir raison, on veut avoir le dernier mot.

    Ce qui se joue ici, c'est un désir de reconnaissance qui passe par un désir de domination. Comme chacun des protagonistes est un sujet, un moi avec des valeurs, des idées qui désirent être reconnu.

    Il y a une dissolution des relations. De manière implicite, on découvre la bonne disposition ou dialogue véritable à savoir qu'elles est à l'écoute de l'autre ; respect de l'altérité ce qui suppose d'accepter d'être remis en cause. Cela n'est pas une chose facile, car on peut avoir l'impression de ne pas être reconnu. Ce que je pense n'est pas une valeur absolue. La remise en cause peut être féconde, constructive, car elle me conduit à argumenter si la raison est valable. De toute manière, cela élargit votre esprit, me fait dépasser un point de vue initialement égocentrique.

    Il en découle qu'il nous faut distinguer entre le conflit et le désaccord.

    Un désaccord sur un sujet peut mener à un conflit, au conflit verbal, une joute, une polémique. (polemos --› guerre ). Dans le conflit verbal, on veut gagner, avoir raison, s'imposer. Tandis que le désaccord, on accepte la différence de point de vue. On accepte l'altérité, la discussion.

                                              Discussion, nous.

     Sophiste  Philosophes
     Dialogue de “sourds”
    Fermeture
    Reconnaissant --› domination
    Conflit
    Dialogue authentique
    Ouverture d'esprit
    Écoute, respect de l'altérité
    --› Acceptation remise en cause
    Désaccord

     

    On peut suivre le philosophe Gadamer XXème --› “ Là où le dialogue a réussi quelque chose qui nous est restée et ce qui est restée nous a changé”.

    Le dialogue véritable peut avoir quelque chose de métamorphosant.

    Ici, on peut encore souligner le privilège de l'amitié pour créer des situations de dialogue.

    On peut citer encore Paul Ricoeur ( Xxième ) --› le vrai dialogue est à la fois la condition et signe d'une société démocratique, car la démocratie privilégie la liberté d’expression et Kant dit que c'est par la liberté d'expression qu'on sort de ses préjugés. Que l'on est conduit au dépassement de soi, à la réflexion et à l'argumentation.

    --› (transition) Le langage est donc la médiation quasi-incommensurable des relations humaines et se retrouve donc dans tous les modes d'êtres humains.


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