• I. Analyse de deux personnages : Mme Sophroniska et Bronja
    II. … qui représente l'aspect de la psychanalyse de l'époque, mais aussi du mysticisme

    Madame Sohproniska n'apparaît qu'à partir de la deuxième partie du livre.
    C'est une doctoresse polonaise qui est inspirée de Eugenia Sokolnicka, une psychiatre qui apprenait à Gide la psychanalyse (il entreprit une cure avec elle, mais l'interrompit à la sixième séance.)

    On peut préciser que le nom de cette doctoresse n'est que prétendument slave et est forgé du grec: sôs (sain, harmonieux) + phren (esprit) . Il  est donc porteur de sens; elle est celle qui essaie de guérir l'enfant très perturbé, Boris.
    Madame Sophroniska a de bonne intentions, en effet, elle essaie de guérir Boris. Elle explique à Édouard qu'elle tente de soigner Boris en le laissant parler chaque jours pendant à peu près une heure ou deux., et que d'ailleurs, il commence toujours par lui raconter ses rêves. Elle dit que
    «toute invention d'une imagination maladive est révélatrice » et c'est de cette manière qu'elle arrive à creuser petit à petit le fond du problème. Elle tente de guérir Boris de ses pratiques onanismes. Elle va alors dérober le talisman qui appartenait au jeune garçon pour découvrir son secret.

    Elle représente également le mysticisme (croyance religieuse ou philosophique fondée sur le sentiment et la connaissance et qui désigne le fait que l'homme peut entrer en communication avec Dieu) , puisque celle-ci nous dit que « sans mysticisme, il ne se fait ici-bas rien de grand, rien de beau. » Elle agit de façon à ce que le bien doit toujours triompher du mal mais pourtant , elle perd deux enfants dans leurs inclinations ; par ailleurs, le suicide de Boris montre que le mysticisme auquel Mme Sophroniska croyait fermement, n'était pas présent chez lui. C'est comme si, elle échouait à sa mission.
    De plus, Mme Sophroniska est une caricature ironique de caractéristiques dont Gide voulait se moquer. En effet, elle est une psychanalyste, c'est-à-dire une thérapeute qui traite ses patients en utilisant la méthode psychanalytique inventée par Freud. Cela est intéressant pour l’époque où se situe le roman puisque c'est un concept tout nouveau qui s'installe progressivement en Europe.

    Enfin, Mme Sophroniska est une femme éduquée, intelligente, athée. Contre point intéressant à la figure de la femme victime: Pauline Molinier par exemple. Exemple du lecteur non-paresseux que souhaite Gide. Elle sait lire et donner un avis.



    Puis, il y a sa fille Bronja qui apparaît aussi à la deuxième partie de lu livre.
    Tout d'abord, ce prénom signifie « armure », un nom qui n'est pas choisit au hasard en vue du rôle que celle-ci a dans le roman. Elle est une amie intime de Boris.

    Au premier chapitre, ses caractéristiques physiques nous sont décrit par Édouard, dans son journal : «Elle doit avoir quinze ans. Elle porte en natte d'épais cheveux blonds qui descendent jusqu'à sa taille ; son regard et le son de sa voix semblent plutôt angéliques qu'humains »
    Il la décrit comme un personnage à l'apparence angélique et d'ailleurs, dans le roman, Gide l'associe à ce rapport aux anges puisqu’elle en voit.
    Le fait de voir des anges montre toute la pureté que représente le personnage de Bronja et d'ailleurs Boris lui dit
    « Bronja, toi, tu n'es pas méchante, c'est pour ça que tu peux les voir les anges. »


    Lui aussi veut conserver cette pureté chez la jeune fille et on le voit dans un de leur dialogues :
    « Oui, non pas ce bout là. Attends je l'essuie.
    -Pourquoi ?
    - J'y ai touché. »

    Boris est comme conscient d'être quelqu'un de malade et de ce fait, il représente sa maladie comme une part négative de son esprit, qu'il ne veut pas affecter à Bronja.
    Et pourtant, c'est Bronja qui au final protège Boris, en effet, Mme Sophroniska désigne la petite comme
    « le vrai médecin de Boris », elle a d'ailleurs parfaitement confiance en elle.


    De plus, Bronja est une enfant très pieuse, sa pureté vient de là. Son éducation se passe par le mysticisme et c'est ce qu'explique Édouard, il dit que Mme Sophroniska
    « croit à l’efficacité de la foi. Elle parle avec émotion de la piété de ces deux enfants »
    Bronja et Boris sont complémentaires, Édouard écrit dans son journal que « Boris et Bronja ne peuvent se passer d'un aliment chimérique […] s'il leur était enlevé, elles succomberaient, Bronja dans le désespoir, et Boris dans un matérialisme vulgaire. » d'après Mme Sophroniska.

    Et en effet, c'est ce que nous montre le destin épouvantable de Bronja. Elle tombe très malade et finit par y succomber. Boris très affecté par la mort de son amie le conduit à s'engouffrer dans le néant ; il se suicide.
    Bronja représente cette « armure » (qui protégeait Boris) et en même temps ce rapport à la divination (foi, anges...). Une fois que ce personnage mystique disparaît, les éléments proches autour de lui sont comme vulnérable au mal qui l'entour.

    Par conséquent, Mme Sophroniska représente la psychanalyse de l'époque et tente de guérir Boris par le biais de cette méthode.
    Quant à Bronja, elle représente le mysticisme, tout ce qui est attrait à la divinité, c'est elle qui «soigne »  le mieux Boris.
    De ce fait, André Gide veut nous montrer à travers ces deux personnages deux éléments qui ne coinsident pas mais qu'il essaie de fusionner : la science et la religion.

     


    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique