• Introduction.

    Les pères dans le roman Les Faux-Monnayeurs ne représentent qu’une minorité de personnage. Il y a Oscar Molinier, le père de Vincent, Olivier et Georges ; Albéric Profitendieu, le père de Charles, Cécile et Caloub mais il est aussi le beau-père de Bernard ; M.de la Pérouse et Prosper Vedel. Cette figure du père est mise à mal dans les Faux-Monnayeurs. Gide se sert de cette figure pour faire une représentation péjorative de la société. Comment est abordée la figure du père dans le roman les Faux-Monnayeurs ? La figure du père est abordée sous deux fonctions. Premièrement, elle est abordée sous une fonction dramatique puis sous une fonction symbolique.

     

    I) La fonction dramatique des pères.

    a)La relation Bernard/Albéric.

    Le roman débute avec Bernard lorsqu’il découvre une lettre adressée à sa mère dans laquelle il est expliqué que Albéric n’est pas le père biologique de Bernard et qu’il est le fruit d’une relation extra-conjugale entre sa mère, Marguerite, et un autre homme. Bernard se considère comme un enfant « bâtard ». Il écrit une lettre à son beau-père dans laquelle il lui demande de « garder le silence sur les secrètes raisons qui m’ont fait quitter votre foyer » afin de ne pas blesser ses frères. Il signe cette lettre de « Je signe du ridicule nom qui est le vôtre, que je voudrais pouvoir vous rendre, et qu’il me tarde de déshonorer » (p.26). La première intrigue du roman est alors ouverte et elle ne sera jamais résolue : on ne saura pas qui est le véritable père de Bernard.

    Dès l’incipit du roman, la figure du père est donc celle que l’on se plaît à déshonorer, que l’on renie, contre laquelle on se rebelle. De son côté, le père de Passavant est celui qui meurt.

    b) La relation Olivier/Oscar.

    La relation entre Olivier et son père Oscar est peu mise en avant contrairement à celle entre Bernard et Albéric. On sait que Oscar est dans une mauvaise situation car il est tiraillé entre sa femme, ses enfants et sa maîtresse.

    C'est un personnage qui commet l'adultère. C'est donc un faux-monnayeur.

    c) La relation Oscar/Albéric.

    On sait que Albéric et Oscar sont très amis ce qui peut expliquer la relation entre Bernard et Olivier. Les deux hommes sont collègues. Le narrateur fait une description des deux hommes, il décrit Albéric comme un magistrat de cinquante ans, « faible du foie », impatient et issue d’une famille bourgeoise à la fortune modérée. Le personnage d’Oscar est décrit comme totalement différent de M.Profitendieu, il est issu d’une bourgeoisie fortunée et « il ne marche pas assez vite ». Leurs points de vue sont totalement différents.

     Leur conversation vue par Gide est très acide à l’encontre du père Molinier, homme hypocrite.

     

    II) La fonction symbolique. 

    a) Représentation de la fausse-monnaie

    Les personnages sont secondaires dans le roman mais ils sont la symbolisation d’un élément important : la fausse-monnaie bourgeoise. Cette dernière se croit supérieure alors qu’elle n’est faite que de faux semblants comme le montrent plusieurs éléments du roman. Par exemple, lorsque Albéric lit la lettre de Bernard au chapitre 2, il écrit que « il n’avait pas à laisser paraître son étonnement devant un subalterne ; le sentiment de la supériorité ne le quittait point » (p.21). Il y a aussi une hiérarchie entre les deux hommes, Albéric s’interdit de faire des reproches à Oscar qui ne marche pas assez car c’est son supérieur hiérarchique, il lui doit le respect. Gide fait d’Albéric un « faux-père », car comme la fausse-monnaie c’est un hypocrite et un menteur.

    b) Représentation de la déviance des enfants.

    Les deux pères sont aussi la raison de la déviance de leurs enfants. Ils pensent tous les deux être des modèles parfaits pour leurs enfants. Albéric est la cause principale du départ de Bernard à cause du mensonge. Vincent, le fils Molinier, risque d’être dans la même situation plus tard. Ce dernier a rencontré Laura Vedel dans un sanatorium et ils vont avoir un enfant ensemble alors qu’elle est en couple avec Félix Douviers, un professeur de français en Angleterre. L’enfant Molinier/Vedel sera aussi considéré comme un enfant « bâtard ». Georges, le plus jeune fils Molinier, est mêlé dans une affaire de prostitution et c’est Albéric Profitendieu qui s’occupe de cette affaire.

    c) Les pères adoptifs

    On peut ajouter aussi que la figure du père adoptif semble être la figure paternelle la plus solide dans le roman. Albéric Profitendieu, à la fin du roman, quitté par sa femme, voit son fils lui revenir. Bernard le considère autrement, comme en témoigne déjà la conversation qu’il a avec Laura à Saas-Fée et dans laquelle il reconnaît qu’élever un bâtard est courageux. Félix Douviers sera également un père bâtard, personnage que le lecteur ne rencontre jamais, mais qui est souvent évoqué. Les vrais pères, eux, sont terribles : faiblesse de Prosper Vedel et de Molinier, cruauté de Passavant père.

     

    Conclusion

    Pour conclure, les pères dans les Faux-Monnayeurs sont des personnages secondaires du roman mais très importants. Gide a utilisé ses personnages pour faire une critique péjorative de la société bourgeoise.


     


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