• Introduction: Le Proche Orient: de tradition géographique française, le Proche-Orient désigne les régions de la Méditerranée orientale ( de la Turquie à l’Égypte ), y compris l'Irak.

    Le Moyen-Orient: de tradition géographique anglo-saxonne, le Moyen-Orient désigne la région allant de l’Égypte à l'Afghanistan et du Caucase à la péninsule arabique. Le Moyen-Orient englobe un territoire plus large que le Proche-Orient.

     

    Aux XVIe et XVIIe siècles, l'empire ottoman atteint son expansion maximale. Le Proche-Orient et le Moyen-Orient (à l'exception de la Perse) sont unifiés sous l'autorité du sultan de Constantinople. État turc sunnite, le pouvoir ottoman administre une grande diversité de peuples et de confessions auxquels il laisse une certaine autonomie. Mais au XIXe siècle, la puissance ottomane est en déclin: il y a troubles et révoltes au sein des populations arabes; certaines régions échappent à l'autorité du sultan et connaissent une autonomie (L’Égypte, jusqu'à l'instauration du protectorat britannique par exemple) enfin les puissances européennes convoitent les territoires ottomans du Proche et du Moyen-Orient. Les Anglais et les Français interviennent de manière croissante dans l'Empire sous prétexte de protéger les communautés religieuses non-musulmanes. Vaincu par les troupes anglaises ( lors de la 1GM ) qui se sont appuyés sur la révolte arabe de Fayçal et le mouvement sioniste juif, l'empire ottoman disparaît et son territoire est partagé lors du Traité de Sèvres de 1920.

     

    I/ Le démantèlement de l'empire ottoman et ses conséquences.

    A) De nouvelles frontières imposées par les intérêts européens.

    Après la défaite ottomane de 1918, les Britanniques reviennent sur leurs promesses faites aux nationalistes arabes. Le Proche-Orient est redessiné en fonction des intérêts franco-anglais négociés par l'accord Sykes-Picot en 1916. Les Français reçoivent le mandat ( ancien territoire ottoman confié par la SDN à une puissance européenne chargée de l'administrer temporairement avant l'accès à l'indépendance ) sur le Liban et la Syrie, tandis que les Britanniques récupèrent la Palestine et l'Irak. En dédommagement, Fayçal reçoit certes le trône d'Irak mais la dynastie hachémite, mise en place par les Européens étrangers, est contestée en Arabie comme dans ses royaumes respectifs. Surtout, les puissances mandataires s'appuient sur les minorités ethniques et religieuses pour gouverner. Les Français découpent la Syrie historique en 5 États confessionnels, alors que les Britanniques s'appuient sur la communauté juive en Palestine. Ces décisions accentuent encore les tensions. Enfin, la découverte au débuts des 1920's de gisements de pétrole renforce l'importance stratégique de la région.

     

    B) Le réveil des nationalismes turc et arabe

    En Anatolie, Mustapha Kemal refuse le tracé des frontières imposé par le Traité de Sièvres. Il met sur pied une puissante armée qui parvient à chasser les Grecs d'Asie Mineure au prix de sanglants massacres et du transfert de millions de personnes. Les territoires donnés aux Kurdes et aux Arméniens sont récupérés de vives forces, de même que la Cilicie est reprise aux Français.

    En 1923, le Traité de Lausanne remplace celui de Sèvres et donne à la nouvelle République de Turquie ses frontières actuelles. Contrairement aux succès trucs, les nationalistes arabes ne parviennent pas à remettre en cause les mandats franco-britanniques. Dans les 1920's, les nationalistes syriens se révoltent mais sont sévèrement défaits par les Français à la bataille de Maysaloun. Ce n'est qu'après la 2GM, en conséquence de l'affaiblissement des Européenne, que les pays arabes accèdent à une réelle indépendance

    C) L'échec du mandat britannique en Palestine

    Les promesses contradictoires faites par les Anglais aux juifs autant qu'aux Arabes empoisonnent les relations entre les deux communautés dans les 1930's. La décision de créer un foyer national juif en Palestine provoque de vives tensions autour de la ville sainte de Jérusalem. L'afflux massif d'immigrants juifs à partir de 1920's, encouragé par les autorités britanniques et généré par la montée de l'antisémitisme en Europe bouleverse la composition ethnique et religieuse de la Palestine. Ces immigrants juifs issus du monde arabe comme de l'Europe de l'Est, sont autorisés à fonder des kibboutz qui empiètent sur les terres des propriétaires fonciers palestiniens. Après l'annonce d'un plan de partage de la Palestine par la Grande Bretagne, la région toute entière s'embrase sans que les Britanniques ne parviennent à rétablir l'ordre. Dirigés al-Husseini de Jérusalem, les Arabes palestiniens se révoltent contre l'autorité britannique de 1936 à 1939 ( la Grande révolte arabe ). Mais inquiets d'un basculement du camp arabe au côté du IIIe Reich, les Britanniques bloquent l'immigration juive en 1939 par la résolution du 3e livre blanc rédigé par W.Churchill.

     

    II/ Israël et la question palestinienne depuis 1948

    A) Le refus de la création d'Israël par les pays arabes

    Le plan de partage de la Palestine proposé par l'ONU en 1947 prévoyait la constitution de deux États partageant le même territoire dont les frontières étaient profondément imbriquées. Malgré le refus des États arabes de reconnaître ce plan, l’État juif d'Israël est proclamé l'année suivante par Ben Gourion qui en devient le 1er ministre de 1948 à 1963. Le sionisme, qui s’est développé à la fin du XIXe siècle, a donné naissance à une immigration juive d’Europe (notamment de Russie) qui fuit les discriminations et s’installe en Palestine : en 1920, 85 000 Juifs en Palestine pour 800 000 Palestiniens musulmans et chrétiens. De plus, lors de la déclaration Balfour en 1917: les Anglais, qui veulent s’appuyer sur le mouvement sioniste en plein essor pour défendre leurs intérêts dans le région, assurent le mouvement sioniste de leur soutien à la création d’« un foyer national juif » • révolte de 1936 à 1939 contre les autorités britanniques et les immigrants juifs Après la 2GM et la Shoah, adoption par l’ONU adopte d'un plan de partage, refusé par les États arabes et les Palestiniens, qui aboutit à la proclamation de l’État d’Israël le 14 mai 1948 par Ben Gourion En effet, La création d'Israël et la question des populations palestiniennes déstabilisent durablement la région qui s'embrase à 4 reprises lors des guerres israélo-arabes. La 1ère guerre israélo-arabe (1948-1949) éclate dans les mois qui suivent la proclamation de Ben Gourion. Les pays arabes voisins attaquent l’État juif mais sont repoussés par la jeune armée israélienne, Tsahal, issue des milices juives et organisée par Ben Gourion. Victorieux, les Israéliens étendent leur territoire et annexent Jérusalem-Est, dont le statut international est supprimé. Les combats ont provoqué le déplacement de 750 Arabes palestiniens qui ont quitté leurs terres et s'entassent dans des camps surpeuplés en Jordanie et au Liban. Israël accueille des centaines de milliers de juifs qui préfèrent fuir les pays arabes devant la menace de représailles. En 1956, le conflit se rallume avec l'arrivée au pouvoir en Égypte du nationaliste arabe Nasser (1956-1971) qui décide de nationaliser le canal de Suez et de bloquer tous les navires à destination d'Israël. En accord avec le France et le Royaume Uni, Israël intervient militairement: le Sinaï es pris, tandis que l'armada franco-anglaise investit le canal. Mais l'opération est condamnée par l'URSS et les USA, ce qui oblige les Européens à se retirer. Israël évacue me Sinaï qui est démilitarisé. Après cela il y a la guerre des Six-Jours de 1967 ( victoire éclatante pour l’État d’Israël ) puis la guerre du Kippour en 1973. Ce 4ème conflit possède une dimension internationale: il devient un enjeu de la guerre froide entre l'Israël et les USA et les pays arabes armés par le bloc soviétique ; il provoque aussi le choc pétrolier de 1973 décidé par les pays arabes de l'OPEP.

     

    B) La non-résolution de la question palestinienne et ses répercussions régionales

    A partir des 1979's émerge un sentiment national palestinien. Une résistance armée se constitue autour de groupes paramilitaires qui recrutent dans les camps de réfugiés. Ces groupes se structurent sous l'égide de l'OLP ( Organisation de Libération de la Palestine) de Yasser Arafat qui refuse de reconnaître Israël et prône le retour en Palestine par la lutte armée ( Charte de l'OLP ). Aux incursions des fedayins ( combattant palestiniens ) se succèdent les représailles de Tsahal dans les territoires des États arabes voisins. Le conflit est exporté par les actions terroristes des groupes pro-palestiniens qui détournent les vols internationaux et exécutent les athlètes israéliens lors des JO de Munich ( Attentat de Munich, 1972). Le Mossad de son côté par une multiplication des assassinats politiques. Mais le renforcement militaire de l'OLP et sa stratégie fragilise les pays d'accueil des réfugiés en les exposant aux représailles israélienne. Le « Septembre noir » de 1970 où les combattants de l'OLP fomentent un attentat contre le roi de Jordanie qui échoue. Hussein décrète la loi martiale et reprend le contrôle des camps palestiniens au prix d'affrontement très meurtriers. Des milliers de Palestiniens fuient au Liban ce qui fragilise encore davantage ce pays et qui engendre la guerre du Liban ( 1975-2000 ). L'implantation massives des réfugiés palestiniens après « septembre noir » déstabilise le pays. L'OLP forme rapidement un « État dans l’État » qui tente par tous les moyens d'entraîner le Liban dans la guerre contre l'Israël. La faible armée libanaise ne peut empêcher une large partie du territoire national de passer sous contrôle des milices palestiniennes. Mais à partir de 1975, les fédayins et leurs alliés libanais se heurtent aux milices chrétiennes des Phalanges libanaises ( kataëb ). Les combats dégénèrent rapidement et embrasent le pays. Beyrouth est dévastée. Le conflit prend une dimension internationale lorsque les armées syrienne puis israélienne interviennent au Liban. En 1982, l'armée israélienne envahit le sud du pays jusqu'à Beyrouth-Ouest, où elle fait sa jonction avec les Phalangistes et chasse les combattants palestiniens sans pouvoir capturer Yasser Arafat. Tsahal se retire de Beyrouth l'année suivante mais conserve le Sud-Liban. Une nouvelle flambée de violence a lieu en 1987 de la 1ère Intifada (guerre des pierres). Jusqu'en 1993, les Territoires occupés sont le théâtre de très violentes émeutes entre les civils palestiniens et les forces de sécurité israéliennes. A partir de 1993, les tensions s'apaisent sous l'effet de l'affaiblissement militaire de l'OLP, l'effondrement de l'URSS et la volonté de l'administration Clinton de mettre un terme au conflit. Les accords d'Oslo sont signés entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin et font naître de grands espoirs. L’État d'Israël est reconnu par l'OLP qui abandonne la lutte armée, tandis que les Israéliens acceptent la création d'une Autorité palestinienne autonome dans les territoires qui étaient occupés confiée à la branche politique de l'OLP, le Fatah.

     

    C) L'échec des accords d'Oslo et la permanence des tensions

    Malgré les avancées sur le plan politique, l'apaisement produit par les accords d'Oslo est éphémère. Les conditions drastiques imposées à la population palestiniennes des Territoires et la montée de l'islamisme radical font apparaître de nouvelles forces : les groupes djihadistes comme le Hamas perpétuent de sanglants attentats-suicides à partir des 2000's dans les villes israélienne, tandis que la visite du 1er ministre Ariel Sharon sur l'esplanade des mosquées déclenche la 2nd Intifada avec la création par les israélien d'un mur long de 700km qui impose des conditions défavorables aux Palestiniens, obligés de céder les meilleures terres et les sources d'approvisionnement d'eau aux colonies israéliennes. La seconde moitié des 2000's voit se multiplier les crises : en 2006, la milice libanaise chiite du Hezbollah, alliée au Hamas palestinien, capture plusieurs soldats israéliens. En représailles, Tsahal bombarde massivement le Liban durant un mois, mais ne parvient pas à progresser dans le Sud-Liban face à la résistance acharnée du Hezbollah. La prise du pouvoir à Gaza par le Hamas en 2007 et les tensions qui en découlent entraînent de nouvelles expéditions punitives de Tsahal ( opération « Plomb durci » de 2008 ). La dérive islamiste du « printemps arabe » ou encore le conflit syrien sont propices à un attisement de conflit.

     

    III/ L'importance stratégique du Moyen-Orient pour les puissances étrangères

    A) Le pétrole du Moyen-Orient, un enjeu majeur dans les relations géopolitiques internationales

    L'OPAEP (Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole) créée en 1968, au lendemain de la Guerre des Six-Jours, association de pays arabes cherchant à utiliser le pétrole comme moyen de pression politique. Après 1945, le pétrole devient la ressource la plus convoitée. Son importance est à l'origine d'une véritable géopolitique du pétrole où le Moyen-Orient y occupe une place centrale. En effet, cette région qui possède d'énormes ressources pétrolières, devient le principal espace de production mondiale ( 37% en 1970, 30% en 2002 ). Jusque dans les 1950's, les champs pétroliers du Moyen-Orient sont exploités par des majors ( un consortium pétrolier dominant le marché ) européennes et américaines qui assurent l'approvisionnement des puissances industrielles. Ces majors ont acquis des droits d'exploitation par le biais d'accords politiques entre leurs États d'origine et les pouvoirs locaux.En 1951, l'Iran nationalise les compagnies pétrolières sous le gouvernement Mossadegh. Les autres États de la région suivent le mouvement et récupèrent peu à peu la propriété des gisements en créant des compagnies nationales d’État ( Irak en 1972, Arabie-Saoudite en 1976 ). Ces pays producteurs s'organisent afin de mieux contrôler les prix du pétrole: L'OPEP est créée en 1960. Les pays arabes producteurs utilisent alors le pétrole comme une arme économique dans leur politique internationale : l'OPAEP est fondée en 1968 afin de promouvoir une véritable politique pétrolière. Lors de la guerre du Kippour, l'OPAEP augmente les prix du baril afin de faire pression sur les alliés d'Israël.

     

    B) L'effacement de l'influence européenne après la crise de Suez ( 1956 )

    Autre enjeu majeur de la région, le canal de Suez est un passage stratégique de 1ère importance.

    Construit dans les 1860's par les Français, le canal est géré jusqu'en 1956 par une compagnie franco-britannique qui capte les immenses profits qui découle du passage de la principale voie maritime mondiale. Avec la prise d'importance de l'activité pétrolière, Suez renforce sa position stratégique. Mais l'arrivée au pouvoir de Nasser permet aux revendications égyptiennes de se concrétiser: le canal est nationalisé en 1956, la franchise d'exploitation du canal de Suez est retirée aux actionnaires franco-britanniques. Les deux puissances coloniales réagissent promptement: un accord est passé avec Israël qui prévoit l'invasion du Sinaï et l'intervention d'une armada franco-britannique pour reprendre le contrôle du canal. L'opération militaire est un succès, mais les Européens doivent se retirer devant l'hostilité des deux grandes. Cet échec des franco-britanniques marque l'effacement de l'influence des anciennes puissances coloniales dans la région du Moyen-Orient. A partir des 1960's, la région est au cœur de l'affrontement entre les deux blocs.

     

    C) L'interventionnisme américain au Moyen-Orient

    Les enjeux du pétrole et du canal de Suez font du Moyen-Orient une région très sensible.

    L'approvisionnement en pétrole étant vital pour les USA, les gouvernements américains développent une politique interventionniste dans la région dès les 1950's. Lorsque le 1er ministre iranien Mohammed Mossadegh nationalise la production, le CIA fomente un coup d’État qui le renverse en 1953. Le Pacte de Bagdad signé en 1955 et rassemblant plusieurs États producteurs a pour but de contenir la pénétration soviétique au Moyen-Orient. En 1957, le président Eisenhower définit l'importance cruciale de cette région pour les intérêts américains: les USA, afin de s'assurer le contrôle des zones de production pétrolière, se donnent la possibilité d'intervenir militairement et placent sous leur protection les monarchies pétrolières. Pour contrer l'influence américaine, les Soviétiques arment les pays dits « progressistes » comme la Syrie, l'Egypte et l'Irak, ainsi que les milices palestiniennes et libanaises. Cette lutte d'influence est particulièrement vive durant les guerres israélo-arabes. Plusieurs révolutions replacent néanmoins des pays d'Irak et d'Iran dans le giron soviétique. Lorsque l'URSS envahit l'Afghanistan en 1979, les USA autorisent à leur tour la CIA à livrer des armes aux Moudjahidines ( combattant musulman qui pratique le djihad ) Malgré l'effondrement de l'URSS en 1991, les USA poursuivent leur politique de sécurisation des zones de production du pétrole. Ils interviennent à deux reprises en Irak ( 1991, 2003 ) et aussi en Afghanistan ( 2001 ), cette fois pour répliquer aux attentats du 11 Septembre. Mais cet interventionnisme américain, loin de stabiliser la région, provoque un vif ressentiment exploité par la mouvance islamiste.

     

    IV/ L'essor de l'islamisme au Proche et au Moyen-Orient

    Le sunnisme: branche majoritaire de l'islam qui se réfère à la tradition définie par le coran et es hadiths ( récits de la vie du prophète ).

    Le chiisme: branche minoritaire de l'islam qui considère que le guide des croyants doit être issu d'Ali et de sa descendance.

    L'islamisme: idéologisation de la religion qui place l'islam au cœur de toute activité politique

    La charia: la « loi islamique », le coran est la base de toute législation

     

    A) Naissance et élaboration de l'idéologie islamiste

    L'idéologie islamiste prend forme dans les 1920's au Proche et Moyen-Orient sous l'effet de la création de la confrérie des Frères musulmans égyptiens ( Hassan al Banna ) et de l'instauration d'un pouvoir wahhabite en Arabie. Ce courant très conservateur prône un retour à l'islam des origines et l'application de la charia. La religion musulmane est idéologisée à des fins politiques. La pensée islamiste rejette l'influence occidentale considérée comme perverse et condamne les régimes politiques arabes laïcs inspirés du socialisme athée. Ce projet de « réislamisation » des sociétés, souvent doublé d'un fort discours social et égalitaire, se diffuse dans tout le Moyen-Orient jusqu'en Iran, où une partie de clergé chiite adopte cette vision. Les régimes politiques de la région issus de la décolonisation, répriment violemment les mouvements islamistes sur leur territoire. Ainsi en Égypte, où les Frères musulmans sont interdits et emprisonnés sous Nasser, mais aussi en Irak ou dans l'Iran du Shah. Cette vigoureuse répression engendre parfois de violentes réactions mais l'emprise islamiste reste limitée.

     

    B) L'affirmation de l'islamisme depuis les années 1970.

    A partir des 1970's, la mouvance parvient à élargir son influence auprès des populations. Structurés autour des mosquées, les organisations islamistes renforcent leur emprise en comblant les défaillances des pouvoirs officiels sur le plan social et éducatif. En Égypte, Les Frères musulmans sont interdits comme parti politique mais autorités en tant qu'association caritative. Les autorités laissent en réalité leurs prérogatives sociales aux mains des religieux. En outre, le rejet de l'autoritarisme à l'encontre des régimes en place rencontrent un large écho dans des opinions souvent très conservatrices. A la fin des 1970's, l'islamisme représente un puissant courant politique qui se lance à la conquête du pouvoir. En 1979, le Shah d'Iran est renversé par la Révolution islamique : l'ayatollah Khomeini fonde le régime des mollahs et appelle à poursuivre la révolution à travers le monde musulman. Les chiites irakiens se soulèvent et le Hezbollah est fondé au Liban au début des 1980's. La guerre Iran-Irak de 1980 à 1988, conflit qui échappe à la logique de la Guerre froide: l’Irak attaque l’Iran chiite, il y aura 1 million de morts. De plus, l’annexion du Koweït par l’Irak en 1990 provoque la 1ère guerre du Golfe, témoin de l’intervention directe des Occidentaux dans la région. Enfin l'invasion de l’Irak en 2003 par les Américains : l’interventionnisme américain est perçu comme une nouvelle forme d’impérialisme dans le monde arabe . L'assassinat d'Anouar el Sadate en 1981 ne provoque pas la chute du régime. En Irak, l'islamisme est contenu au prix d'une longue guerre de 8 années extrêmement meurtrières contre l'Iran. Enfin, en Syrie, Hafez al Assad écrase dans le sang la révolte des Frères musulmans dans la ville d'Hama. (1982). Durant les 1990's et 2000's., le renforcement croissant des inégalités sociales, les frustrations issues de la question palestinienne et l'interventionnisme américain ravivent les mouvements islamistes dont le discours politique s'affine. Plusieurs organisations délaissent la lutte armé et choisissent la voie démocratique afin d'atteindre le sommet du pouvoir: en 2002, le parti islamiste « modéré » AKP (Parti pour la Justice et le Développement ) remporte les élections en Turquie. A la faveur du printemps arabe en 2011 et des élections s'ensuivent, le parti des Frères musulmans est élu pour diriger l’Égypte. Enfin, la branche politique du Hezbollah représente la principale force politique du Liban depuis une décennie. Néanmoins, ces mouvements de l'islamisme politique s'intègrent surtout dans un cadre national et ne prônent pas une révolution à l'échelle mondiale. Les tentatives de réforme de la législation dans le sens de la loi coranique se fait avec prudence et connaît de nombreux obstacles. Pourtant, d'autres branches issues de la même idéologie se sont orientés vers un islamisme radical qui utilise la violence politique afin d'atteindre leur but: l'établissement de la charia partout où l'islam est présent.

     

    C) Le choix du djihad ( « guerre sainte » )

    Au début des 1980's, l'intervention soviétique en Afghanistan doit faire face à une résistance acharnée des Moudjahidines afghans.Ceux-ci sont renforcés de milliers de combattants venus du monde arabo-musulman motivés par la lutte au nom de l'islam. L'enlisement de la puissance armée rouge et son retrait définitif en 1989 renforce la conviction que le djihad pratiquée par les soldats fanatisés est capable de venir à bout des ennemis. Dans les zones montagneuses de la frontière pakistano-afghane, les chefs islamiste optent pour le djihad comme moyen d'atteindre leurs objectifs politiques.

    De ces décisions naissent une organisation internationale utilisant la terreur pour lutter contre ceux qu'elle considère comme les ennemis de l'islam : al-Quaïda, dominée à partir de 1989 par le Saoudien Ben Laden. Organisation sunnite fondamentaliste qui se mue rapidement en réseau décentralisé, al-Quaïda ouvre ses camps d'entraînement en Afghanistan et forme des milliers de djihadistes de toutes origines. Sans véritable projet politique, l'islamisme radical est régit par une interprétation fondamentaliste du Coran. En 1996, l'Afghanistan tombe entre les mains des Talibans, alliés de Ben Laden. Le pays doit se soumettre à une application très dure de la charia, où les femmes se voient retirer leurs droits et où les non-sunnites sont persécutés. Dans de nombreux pays de la région, de véritables compagnes de terreur sont lancées : les attentats perpétrés, atroces et meurtriers etc. L'influence d'al-Quaïda montre toute l'ampleur de sa menace lors des attentats du 11 septembre 2001 où les USA sont frappés au cœur. Après l'intervention américaine en Afghanistan ( 2001 ), les djihadistes sont refoulés dans les zones montagneuses e de nombreux gouvernements de la région prennent conscience des impératifs de la lutte contre l'islamisme radical. Al-Qaïda, affaiblie, ne possède plus de véritable capacité opérationnelle et son chef Ben Laden ( exécuté en 2011 par des commandos américains ) est devenu une figure tutélaire. Mais les cellules islamistes ont essaimé dans tout le Moyen-Orient. Fédérées par l'idéal djihadiste mais sans véritable coordination, elles forment une nébuleuse qui recrute sur le désespoir et se finance par le biais d'associations caritatives ou de trafics illégaux. Ces groupuscules djihadistes multiplient les attentats-suicides, souvent aveugles, contre les populations civiles dont elles exploitent habilement les divisions. Le « label » Al-Qaïda est repris par les djihadistes internationaux en Irak ( Al-Qaïda en Irak, dont le chef al-Zarquaoui est tué en 2006 ), eu Yémen ( Al-Qaïda au Yémen) , au Liban ( Fatah al-islam )... Pour autant, cette stratégie de terreur, si elle a connu un for retentissement, n'a pas permis l'instauration d'un pouvoir politique durable


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