• A la fin de la 2GM, la nécessité d'une coopération entre États s'impose. Les dirigeants mettent en place des institutions internationales, pour garantir la paix et favoriser le retour de la prospérité. Un nouvel ordre mondial, dominé par les USA, est mis en place. Dans les années 70, avec la fin des 30 Glorieuses et l'entrée dans une nouvelle phase de la mondialisation, ces institutions paraissent insuffisantes: les États sont de plus en plus indépendantes. Une nouvelle conception du gouvernement du monde, la gouvernance, se met en place d'abord dans le domaine économique. La gouvernance propose un nouveau monde de gestion des relations internationales à mi-chemin entre un gouvernement mondial, qui reste irréalisable, et la simple coopération entre nations. Elle remet en cause le monopole de l’État sur les affaires mondiales.

     

    I/ La gouvernance économique mondiale 1944-fin des années 70: un système économique sous influence américaine

    En 1944, le but est d'abord de reconstruire l'économie mondiale, de développer les échanges après une période pendant laquelle les économies nationales s'étaient refermées sur elles-mêmes, d'assurer la stabilité monétaire et de mettre en place un système monétaire et de mettre en place un système cohérent de financement;

     

    A) Les Accords de Bretton Woods signés pour reconstruire des économies et relancer les échanges

    Les USA entreprennent de 1944 à 1948 la mise en place d'un ensemble d'institutions pour garantir la paix (ONU), la prospérité économique et la stabilité financière (FMI) et le progrès social (Banque mondiale, institutions spécialisées de l'ONU). Les Accords de Bretton Woods sont signé en 1944 par 44 États: il s'agit de réguler le système financier mondial et instaure un nouveau système international (SMI). Il repose sur un étalon dollar-or: la valeur des monnaies est définie en or ou en dollars de cette parité ne peut varier que de 1% à a hausse ou à la baisse.

     

    B) Un nouvel ordre économique mondial se met en place: de nouvelles institutions et les accords du GATT

    Le nouvel ordre économique est garanti par la création d'institutions économiques internationales chargées d'encadrer la logique de marché dans le but, pour reprendre la formule de Keynes, «de promouvoir du capitalisme organisé» → 3 grandes institutions sont prévues: le FMI, la BIRD ou Banque mondiale de l'Organisation internationale du commerce (OCI).

    A sa création, le FMI est institution chargée du maintien d'un système de taux de change fixes centrés sur le dollar américain de l'or mis en place par les accords de Bretton Woods. Ce système a donc pour but d'éviter les fluctuations excessives des monnaies.

    Le rôle de la Banque mondiale est d'accorder des crédits à long terme pour favoriser dans l'immédiat la reconstruction des pays détruits par la guerre et, ensuite, le développement des pays pauvres. Initialement composée de 44 pays membres, la Banque mondiale en compte désormais 187. La cohérence du système repose sur l'affectation à chacune d'entre elles des trois grandes fonctions de l’État: - la réglementation des marchés doit être assurée par l'OCI (qui sera finalement pas crée) - la régulation de l'activité par le FMI

    - la redistribution vers les plus pauvres par la Banque mondiale

    → Le GATT est signé le 30 octobre 1947 à Genèse par 23 pays, qui assurent alors 80% du commerce mondial, il constitue l'autre versant de cette politique de libéralisation des relations économiques.

    Cet accord a pour but de définir des règles de commerce universelles et de promouvoir une baisse des droits de douane. Le GATT couronne le rêve de Roosevelt d'un nouvel ordre mondial assurant la paix grâce à 3 piliers: le FMI chargé de veiller à la stabilité des monnaies, l'ONU chargé de la sécurité collective et le GATT veillant au retour à la libéralisation des échanges.

    Les pays signataires s'engagent à ne pas augmenter les droits de douanes existants et à participer à des “négociations commerciales multilatérales”, aussi appelées “rounds” de négociations.

     

    C) Une consécration américaine de plus en plus remise en cause

    La stabilité de l'économie mondiale repose sur le leadership américain. Bretton Woods institutionnalise la domination du dollar. Les USA occupent ainsi une position dominante au sein du FMI, possédant 32% des droits de vote. L'hégémonie américaine se traduit aussi dans le choix d'installer les sièges du FMI et de la Banque mondiale à Washington.

    A partir des années 60, le système Bretton Woods est de plus en plus critiqué, puis remis en cause. Ce système fonctionne mal à cause de nombreuses dévaluations qui révèlent la difficulté à stabiliser les monnaies. De plus, les pays du Tiers monde souhaitent la mise en place d'un ordre économique mondial plus juste: En 1964, la CNUCED ( Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement) entend rééquilibrer les échanges mondiaux. Le G7, formé à l'ONU en 1964 au sein de la CNUCED, réclame l'instauration d'un nouvel ordre économique mondial plus favorable aux pays en développement. Quand aux pays européens, ils se méfient de plus en plus du dollar et leur banques centrales échangent de plus en plus des dollars contre de l'or.

     

    II/ Le temps des crises (1971-1991) et l'émergence de nouveaux acteurs

    A) Crise financière et chocs pétroliers fragilisent les économies occidentales

    En août 1971, le président Nixon, constatent qu'il n'y a plus de lien entre le stock d'or américain et la quantité de dollars qui circulent dans le monde suspend la convertibilité, afin d'éviter d'épuiser le stock d'or: le système monétaire créé par les accords Bretton Woods s'effondre. Dans un contexte économique morose (fin des 30 Glorieuses, début de la crise économique) s'ouvre une période de changes flottants, dont le principe est entériné lors des accords de la Jamaïque de 1976 (démonétarisation de l'or). A cette crise monétaire s'ajoute un net ralentissement de la croissance économique : la fin des 30 Glorieuses pour les pays industrialisés. Les choix pétroliers (1973-1979): pour la 1ère fois depuis la fin de la 2GM, les pays industrialisés subissent une décision prise par un autre groupe de pays: l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) multiplie par 4 le prix du baril de pétrole perturbant ainsi l'ensemble de l'économie mondiale. Tous les pays industrialisés sont affectés par ce choc, et prennent conscience de leur dépendance énergétique.

     

    B) Les voies nouvelles de coopération économique

    Dès 1975, les pays industrialisés les plus riches organisent des sommets (G6-G7) pour approfondir leur coopération face aux crises monétaires. En 1975 le G6 est créer et réunit les USA, Japon, Allemagne, RU, la France et l'Italie, c'est-à-dire les 6 pays démocratiques les plus industrialisés du monde. Le Canada, mécontent de ne pas avoir été invité, rejoint ce club dès juin 1976, le G6 devient le G7. Les pays du Tiers-Monde coopèrent également: Depuis les conférences de Bandung (1955) et de Belgrade (1961) les pays des non-alignés s'organisent au sein de l'ONU. Regroupés en G7, ils réclament en 1974 un commerce plus juste en leur faveur, ils revendiquent le droit au développement dans un nouvel ordre économique international.

     

    C) La vague néolibérale des années 80: le recul de la régulation de l'économie par les États

    L'idée d'intervention de l’État dans l'économie recule face aux crises. Le néolibéralisme s'impose dans les années 80 à l'ensemble du monde occidental et modifie une gouvernance économique mondial basée depuis 1944 sur des principes keynésiens remis en cause par les crises des années 70.

    En 1979 avec le nomination de Margaret Thatcher comme 1er Ministre au RU puis en 1980 avec l'élection du républicain Ronald Reagan comme président des USA, les tenants du néo-libéralisme, influencé par l'économiste Milton Friedman (Prix Nobel d’Économie en 1976) triomphent.

    Cette victoire du néo-libéralisme s'impose aussi en Allemagne (avec Helmut Kohl comme Chancelier) et et France ( avec l'alternance libérale de Jacques Chirac, 1er Ministre de 1986 à 1988) avant de contribuer à l'effondrement du système communiste.

    Cette vague touche aussi les pays du Tiers-Monde qui affrontent une force crise de la dette, comme le Mexique en 1962. Le FMI impose des plans de reprise économique (par la restriction publiques et l'ouverture aux échanges). En 1990, le FMI, la Banque mondiale et les USA incitent des pays en développement à adopter la libéralisation des marchés financiers.

    III/ Depuis 1991, quelles gouvernance économique mondiale ?

    A) Les USA : chefs d'orchestre de la gouvernance économique mondiale

    En 1995 est mise en place l'OMC, qui,dans sa charte, proclame la nécessité d'un développement durable et d'un rééquilibrage du commerce international en faveur des pays en développement. Le modèle libéral triomphe à l'échelle planétaire. Mais cette nouvelle organisation est très vite critiquée, parce que les pays pauvres peinent à faire valoir leurs droits devant son organisme de règlement des différends et parce que les négociations en son sein semblent toujours aller dans le sens d'un libre-échange qui profite aux multinationales des pays riches.

    Les pays émergents obtiennent la création en 1999 du G20 (Forum de réflexion sur les finances mondiales qui regroupe le G7 et 12 pays émergents: Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie, Turquie), qui, en intégrant les pays émergents au processus de décision, tente depuis la crise financière de 2007 de renforcer la régulation du système international. Une nouvelle répartition des droits de vote au FMI et à la Banque mondiale est décidée: elle donne plus de poids aux États en développement.

     

    B) D'autres acteurs participent à la gouvernance économique mondiale

    En 1999, la mobilisation altermondialiste se développe: 40 000 personnes manifestent lorsque d'un sommet de l'OMC à Seattle contre «la dictature des marchés financiers».

    Les États cherchent à faire évoluer la gouvernance économique mondiale. Chaque année, le forum économique de Davos réunit des décideurs du monde l'entreprise et les élus des États les plus puissants. Les ONG deviennent elle aussi de plus en plus influentes en imposant des débats majeurs sur la scène politique (questions environnementales....) en impulsent le 1er forum se réunit en 2002 à Porto Alegre au Brésil : il s'agit d'un espace ouverts de débat d'idées et d'élaboration de projets.

     

    C) A la recherche d'une nouvelle gouvernance mondiale

    En 2007 éclate aux USA la crise des subprimes qui déstabilise les grandes places boursières. Elle révèle les failles et les errements de certaines institutions financières: les États du G8 et l'UE renflouent les banques privées et mettent en place des politiques de rigueur budgétaires.

    Certains économistes (comme Joseph Stiglitz) voient dans ces désordres financiers une crise de la gouvernance mondiale et émettent l'idée d'une nécessaire régulation mondiale de l'économie.

    La gouvernance économique mondiale reste limitée: elle apparaît comme une concertation entre les États les plus riches pour défendre leurs intérêts. Elle est aussi concurrencée par des organisations économiques régionales telles que le Mercosur ou l'ALENA. En 2012, la Chine et le Japon décident d'abandonner le dollar pour leurs échanges commerciaux au profit de leurs monnaies nationales, ce qui témoigne des limites de l'influence de la gouvernance mondiale.

     

    Conclusion: Entre 1944 et 1947 s'est mis en place un nouvel ordre économique mondial dont les accords de Bretton Woods constituent le socle. Ce système n'est pas infaillible car le dollar est dévalué à plusieurs reprises. Ce système prend fin dans les années 70.

    Dans les années 80, la mondialisation s'accélère avec l'arrivée des crises économique. Les dérives de la globalisation financière conduisent à repenser la notion de gouvernance économique mondiale. Les États multiplient les rencontrent (G6 au G20). La mondialisation libérale est de plus en plus remise en cause par le mouvement altermondialiste. La prise en compte du développement durable et des enjeux environnementaux constitue un nouveau défi majeur pour les acteurs de la gouvernance économique mondiale.

     

    Notions clés

    Gouvernance économique mondiale: mise en place de règles internationales visant à encadrer la mondialisation. L'objectif est d'assurer le développement durable de la planète et de renforcer la coopération entre les États et tout les autres acteurs.

    Altermondialisme: courant de pensée qui dénonce les effets négatifs de la mondialisation libérale. Il entend rendre la mondialisation plus humaine et plus soucieuse de l'environnement.

    Libre-échange/libéralisme: Libre circulation des biens et des services entre les pays après abolition de toutes les restrictions imposées par les États (droits de douane, quotas, normes....).

    Protectionnisme: politique d'un État visant à limiter les importations pour protéger le marché national de la concurrence étrangère.

    Dérégulation: suppression ou simplification des contrôles sur les acteurs financiers ( Bourse, banque, assurance...) et les autres entreprises. L'objectif est d'encourager la concurrence et l'innovation.

    Parité monétaire: Idée selon laquelle la stabilité de l'économie mondiale doit être fondée sur un système de parité fixe entre les monnaies et garantie par la convertibilité en or d'au moins une monnaie de référence

     

    Dates clés

    1944 → Accords de Bretton Woods, création du FMI et de la BIRD

    1947 ( 30 octobre ) → Création du GATT

    1948 → Création de l'OECE

    1971 → Fin de la convertibilité en or du dollar

    1973 → 1er choc pétrolier

    1976 → Création du G7

    1979 → 2nd choc pétrolier

    1995 → création de l'OMC

    1999 → Création du G20

    2007 → Crise financière

    2010 → Réforme des droits de vote au FMI

     


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