• Sous-développement, explosion démographique, immigration, bidonvilles urbains, avancée du désert, économie de rente, absence d'infrastructures...images et idées largement reçues restent attachées à ce continent africain sur lequel il convient de porter un regard neuf et surtout plus juste.

    Vision contradictoire de l'Afrique entre optimisme et pessimisme.

    Continent riche de potentialités et plus stable qu'il n'y paraît. Espace en voie de recomposition.

    Privilégier le pluriel au singulier, il convient de raisonner en terme d'Afriques.

    Problématiques : Quelle est la situation de l'Afrique face aux questions de développement ?

    Le continent connaît-il un réel décollage économique ? Quels défis démographiques, économiques, environnementaux et politiques l'Afrique doit-elle encore relever ?

     

    I/ Un continent à l'écart du développement et du monde ?

    A) Indicateurs défavorables d'un point de vue économique et environnemental.

    Faible poids dans les échanges mondiaux → 3% du commerce mondial, un PIB continental qui atteint à peine celui de l'Espagne.

    Économie de rentes: la figure de l'entrepreneur a du mal à émerger, l’État post-colonial a souvent été prédateur vis-à-vis des ressources dont les bénéfices servaient au système de lubrification sociale et népotisme → profite à une classe très réduite.

    Dette : encore 40% de PIB moyenne absorbé par la dette, les plans d'ajustement structurel imposés ont certes permis la diminution du poids de la dette mais du coup, on a désinvesti et il faut redémarrer la phase d'investissement productifs.

    Altération du potentiel naturel: gestion des ressources est souvent prédatrice, c'est à dire qu'elle se soucie pas du renouvellement de ses ressources, ni des conséquences économiques et sociales : déforestation de l'Afrique de l'Ouest, marées noires, érosion des sols, pêche industrielle qui réduit considérablement les stocks...etc.

    Il y a aussi la question des déchets, du continent lui-même mais aussi des autres continents.

    Les décennies 80-90 ont été des décennies sombres dont le souvenir est encore prégnant: corruption, famines, dictatures : afro : pessimisme qui a envahi les discours et les représentations.

    La majorité des dictatures Africaines sont francophones.

     

    B) Indicateurs de développement humain ( IDH )

    Faibles sauf pour la Libye et île Maurice considérés par l'ONU comme ayant des IDH élevés. IPH ( revenu, éducation, santé ) le drame du SIDA.

    Niger → taux de mortalité infantile la plus élevée au monde autour de 90 pour mille contre de 2 pour mille à Singapour.

    Indicateurs alarmants: mortalité infantile, paludisme, fuite de blouses blanches, insécurité alimentaires..).

     

    C) Effets des conflits locaux

    Réfugiés, déplacés locaux, quartiers de réfugiés, migrants

    Mobilités voulues, mobilités contraintes : historiquement il y a toujours eu des mobilités en Afrique qu'il s'agisse des traites, des mobilités en temps de guerre ou aléas climatiques. L'essentiel des 40 millions de migrants se fait en interne, au sein du continent africain, vers les zones dynamiques comme le Habon, le Nigéria ( Libye ). Les subsahariens migrent finalement peu en dehors de l'Afrique. En 2000, 1% seulement des personnes nées en Afrique subsaharienne au cours du XXe siècle vivaient dans les pays de l'OCDE ( zone d'échange ), chiffre qui atteint 3% pour les populations d'Afrique du Nord et 12% pour les populations nées en Afrique centrale.

    + 80% des Africains migrent en Afrique.

    Conflits aggravent certaines crises alimentaires Question de gouvernance, de corruption, de confiscation des richesses par minorités et régimes aristocratiques.

    Etats post-coloniaux marqués par la corruption, le népotisme, « l'électocratie ».

    Les élites africaines détiendraient à l'extérieur : environ 700 milliards de dollars soit l'équivalent du PIB de tout le continent.

    Cependant, décompression politique : alternances, pluripartisme. Processus démocratique bien avancé au Botswana avec bouillonnement des initiatives et nombreuses réformes.

     

    II/ De nouvelles perspectives pour l'Afrique ?

    A) Un ensemble qui n'est pas homogène ni figé

    L'Afrique n'est plus à l'écart du monde. Schématiquement, des situations régionales contrastées :

    • Afrique du Nord → 17% de la population et 40% du PIB du continent

    • Extrême-austral → 5% de la population et 30% du PIB du continent

    • Afrique subsaharienne → 80% de la population et 30% du PIB du continent

    A l'échelle étatique → Afrique du Sud → 23% du PIB continental

    Amélioration des grands indicateurs socio-économique pour Ghana, Liberia, Botswana qui ont du surcroît fait de grands progrès dans la lutte contre la corruption.

     

    B) Des situations de réussite

    Natalité en mutation. L'Afrique subsaharienne a amorcé un lent mais constant recul du nombre d'enfants par femme, passavant entre 2001 et 2011 de 5,8 à 5,5 en Afrique occidentale, de 5,7 à 3 en Afrique orientale et de 6,6 à 5,7 en Afrique centrale.

    Contrairement aux idées reçues, la contraception ne rencontre pas de résistances culturelles ou religieuses majeures mais plutôt des difficultés d'ordre logistique. Apaisement des conflits régionaux avec par exemple le Soudan et accords de Nairobi (2005) et nouvel État du Sud-Soudan.

    Processus de démocratisation ou Liberia alors que les pays des « enfants soldats ».

    1989-1997 → Guerre civile ou Liberia → + 150 000 personnes, civils pour la plupart, et a provoqué un effondrement total de l'ordre public. Des milliers de personnes se sont réfugiés dans les pays voisins. Certains démographes considèrent que cette croissance démographique peut agir comme une « pression créatrice » → domaine agricole en stimulant l'intensification des techniques agraires ( ex : du processus de reverdissement du Burkina Faso et au Niger ).

    Cette population va constituer les marches intérieurs potentiels de demain en densifiant les infrastructures et en permettant le développement des échanges. 50% de la population de moins de 15ans → faut créer des emplois et absorber cette croissance démographique.

    Refondation identitaires et combats démographiques. Progrès lents, chaotiques avec parfois même des retours en arrière mais la démocratisation est synonyme de respectabilité vis-à-vis des bailleurs de fond et de l'aide au développement.

    Plusieurs trajets : Pays rentiers ( ex : Soudan ), Avant-garde du développement ( ex : Burkina Faso ), Afrique fragile avec des États mal gérés ( ex : Tchad ).

    L'économie informelle, un composant non négligeable du développement. Désigne toutes les formes de fonctionnement en dehors des normes des systèmes économiques, sociaux, politiques, spatiaux et territoriaux. Ces activités ce sont surtout développés dans les quartiers des gares, de l'administration, des commerçants, le marché, la rue etc → économie informelle.

    Ce secteur assure des services non assurés « normalement » et /ou la distribution de production.

     

    C) Nouvelles formes de décollage

    Globalement le continent connaît une croissance forte, hausse de 5%/ an.

    Encourageant même si les experts estiment qu'il faudrait une croissance autour de 7%/an pour compenser la pauvreté du continent. Selon le FMI, la part de l'Afrique dans la croissance mondiale était négligeable à la fin du XXe ( moins de 0,3 % ). Cette part a atteint 2,5% depuis l'an 2000 et c'est un signe encourageant mais sans commune mesure avec la part de la Chine (20% !!! ).

    Investissements extérieurs des BRICS -10 voyages en Afrique de Lula ( président ) entre 2003 et 2010, IDE surtout dans des projets d'infrastructures qui peuvent être à l'origine d'un développement endogène. Lorsque les IDE des PDEM se font surtout vers le secteur de l'exploitation des ressource et hydrocarbures.

    Le pétrole représente 58% des exportations du continent en valeur ; toutefois, la ventilation des secteurs d'activités est différent de l'image que nous en avons le plus souvent: Services ( 45% de l'économie ), Industrie ( 41% ), Primaire ( 14%...seulement ).

    Pression sur les matières premières, politiques publiques relancées parce que les dettes sont lentement apurées, transferts migratoires via les remises assurent la vitalité des villes africaines.

    Ghana, Nigeria, Mali, Sénégal, Cap Vert sont des principaux pourvoyeurs de l'émigration vers l'Europe. La région de Kayes au Mali est celle de 80% de la diaspora malienne en Europe, les remises représentent environ 1,3 des revenus pour le Mali. Mais risque d'une fuite des élites dramatique pour l'Afrique ; on estime à plus de 20 000 cadres perdus chaque année pour l'Afrique.

     

    III/ Mais des défis à relever

    A) Faire face à la croissance démographique la plus forte de la planète

    En 2050 entre 1,8 et 2Md d'africains. Un continent peu densément peuplé mais dont la population a augmenté ces dernières décennies. Ainsi la population du continent a été multiplié par 7 depuis 1990, par 3 entre 1960-2000. Avec une croissance moyenne de 2,5% par an, la population devrai doubler d'ici 25ans.

    Le défi du nombre → multiplié par 5 de 1950 à 2010 et stabilisation ne seras pas à l'ordre du jour devant 2100. Quelques pays vont donc devenir des grandes puissances démographiques d'ici 2050, à savoir le Nigeria (+320 millions d'habitants ), l’Éthiopie ( + de 175 millions d'habitants ) et la RDE ( 105 millions d'habitants ).

    Fécondité encore forte, 41% de la population en moyenne à -15ans-inertie, l'espérance de vie de l'Afrique subsaharienne est globalement autour de 53 ans.

    La fécondité du Maghreb a diminué en se situant autour de 1,8 millions en Tunisie.

    Les fléaux → le SIDA, le paludisme, le retour de la rougeole.

     

    B) Maîtriser la croissance urbaine difficile

    De tout les continent, c'est désormais l'Afrique qui connaît la plus forte croissance en matière d'urbanisation avec 5% à 7% de citadins en + chaque année : 400 millions d'africains vivent aujourd'hui en milieu urbain, soit 40% de la population et l'ONU-Habitat estime qu'il seront 60% en 2050. L'Afrique se voit ainsi confrontée à une double problématique : accueillir un très grand nombre de niveau citadins et faire face à leur arrivée très rapide.

    Classes moyennes émergentes et petit élite qui affiche une boulimie de consommation de produits de luxe importés et ne participent que faiblement aux investissements faute d'une épargne suffisante. Fait urbain marqué par la vitesse et la masse.

     

    C) Subvenir aux besoins alimentaires

    Production locales en partie perdues faute d'infrastructures de stockage et de transports : ainsi mangues du Mali ne sont exportés faute de routes bitumées. L'axe principal entre le Mali et le Sénégal n'est toujours pas goudronné. Situation alimentaire particulièrement tendue.

    En septembre 2010, Mozambique est de nouveau le théâtre d'émeutes car +90% du prix du pain et 6 morts dans les violences. Causes multiples de l'insécurité alimentaire → pression/spéculation sur les céréales car demande mondiale en hausse, transition alimentaire, mauvaises récoltes, techniques rudimentaires. Actuellement menaces graves de famine pèse sur 12 millions de personnes au Sahel car mauvaises récoltes entre 2011 et 2012.

     

    Au Sénégal fait l'objet d'un vaste projet de mise en valeur pour atteindre l'auto-suffisance en riz lancé par Abdoulaye. Wade → le projet Goana. Grande orientation pour l'auto-suffisance alimentaire. Si la production de riz a effectivement augmenté, il reste des problèmes.

    Mali → 1millions d'hectares considérée comme pouvant être le grenier à riz de l'Afrique de l'Ouest.

    Actuellement seulement 10% des terres sont aménagés et l'Office du Niger est chargé de la mise en valeur en attirant des investissements étrangers privés. Ainsi la Libye via une entreprise chinoise est actuellement en train de mettre en valeur 100 000 hectares avec en parallèle les infrastructures de transports nécessaires au commerce de riz. Un autre projet d'acquisition de terres par des fonds saoudiens.

     

    Le problème du « land grabbing » : accaparement de terres agricoles, les terres devenues plus rares sont ainsi des ressources stratégiques à la fois pour les groupes financiers, les agro-holding, les États comme la Chine ou l'Arabie Saoudite, ces acteurs prennent le contrôle de terres et d'actifs agricoles pour y développer des agricultures « off shore ».

    Chine → prend le contrôle de plus de 10 millions d'hectares.

     

    Risque de spoliation foncière, de néo-colonialisme mais cependant la FAO vise à encadrer le phénomène en prônant le « gagnant-gagnant » ( intensification des techniques, augmentation des rendements, développement des infrastructures ).

     

    L'Afrique dans la stratégie chinoise:en 2007 → Chine, 2nd partenaire de l'Afrique après les EUA avec plus de 50milliards de dollars d'IDE, la Chine investit massivement dans les secteurs du pétrole, des mines, des infrastructures. Cependant, l'afflux massifs de produits manufacturière à bas coûts perturbe les circuits locaux de production. Par ailleurs, les conditions de travail des populations employées par les FTN chinoises et l'attitude prédatrice vis-à-vis des ressources africaines sont des revers de l'implication de la Chine dans le développement et insertion africaine dans la mondialisation.

     

    D) Gérer les questions environnementales

    Enjeux environnementaux → très important en Afrique: pression humaine sur les ressources, déforestation, pression démographique dans les bidonvilles qui génère de véritables questions de santé publique ( pollution, déchets etc ). Mais la situation n'est pas irréversible et questions espoirs existent dans de nouvelles démarches → muraille verte et reverdissement du Sahel.

    La question des déchets verts → véritable problème, décharges à ciel ouvert, utilisation pour faire des remblais....

     

    E) Les convoitises qu'elle suscite de la part des puissances émergentes

    Pression sur les matières premières → pétrole, uranium, diamant, platinium, cobalt, « land grabbing ». IDE proviennent surtout des pays émergents et d'Asie ( Inde, Chine..etc ).

    2007 → Afrique → environ 38 milliards de dollars d'IDE contre seulement 1,2 milliards de 2001-2004. Mais ces IDE sont limités aux industries extractives et ne bénéficient qu'à un petit nombre de pays comme le Nigeria, le Mozambique ou le Soudan.

     

    Conclusion

    → Selon un spécialiste du continent Tidiane Diakite, 3 scénarios possibles pour l'Afrique :

    « Les lions pris au piège » qui pourraient devenir « des lions faméliques » : scénario catastrophe fondé sur l'accumulation de la rente mais au profit de systèmes mafieux.

    « Les lions sortent de leur tanière » avec décollage économique, rattrapage avec impulsions extérieures, les noyaux miniers et les marges pourraient devenir des corridors et des leviers d'aménagement du territoire.

    « Les lions marquent leur territoire » en combinant logiques productives et logiques sociales traditionnelles vers une voie africaine de développement → scénario le plus incertain ( Afrique du Sud )

     Cf carte


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