• Attention, il ne s'agit en rien d'un exercice complet ou à recopier bêtement.

     

    LES TERMES DU SUJET: Par "démarche" on peut entendre, très précisément, "procédé méthodique". "Scientifique" veut dire : conforme aux exigences d'une méthode rigoureuse, censée permettre la production d'une connaissance certaine. Quant aux "conditions", c'est un terme assez vague : rien ne permet de décider d'emblée s'il doit s'agir de principes généraux, de conditions de possibilité a priori, ou de critères formels et/ou techniques.

    ANALYSE DU PROBLÈME: La science peut se définir par référence à sa visée, son objet et sa méthode. La visée est constante et unique : parvenir à la construction de modèles efficaces et cohérents des phénomènes. Les champs d'objets en revanche sont très divers : des relations entre les nombres aux rapports sociaux, en passant par la nature vivante ou inanimée. Dès lors on peut être tenté de mettre en œuvre des méthodes différentes dans l'investigation de ces champs d'objets hétérogènes. Mais cette diversification des modes d'approche ne risque-t-elle pas de mettre à mal l'unité de la science et la stabilité des frontières entre connaissance scientifique, art de l'interprétation et méditation philosophique ? Y a-t-il des critères permettant de distinguer en toute sûreté entre science et non-science ?

    LES GRANDES LIGNES DE RÉFLEXION: Dans un premier temps, il était possible de soutenir une position extrême, faisant dépendre l'unité de la science de l'unité de sa méthode. Dès lors le respect des règles de la méthode suffirait à attester la scientificité de la démarche. Une deuxième partie pouvait adopter le point de vue, radicalement inverse, d'un "anarchisme méthodologique" : est scientifique toute démarche revendiquée comme telle par une science à un moment quelconque de son histoire. Enfin, on pouvait essayer de montrer que la rigueur commune à toutes les sciences, en dépit de la diversité des méthodes propres à chacune, réside dans leur fidélité scrupuleuse à la "chose même".

     

    DÉVELOPPEMENT
    A - Il était possible, pour commencer,de supposer que l'objectivation scientifique de tout domaine d'objets passe par l'application d'une seule et même méthode. C'est ainsi que Descartes croit pouvoir affirmer dans les Règles pour la direction de l'esprit que la sagesse humaine n'a pas davantage à tenir compte du mode d'être spécifique des objets de connaissance que la lumière du soleil de se diversifier en fonction des objets qu'elle éclaire. A ce compte, c'est l'application stricte, par le savant, des préceptes de la méthode qui garantit le caractère scientifique de chacune de ses démarches.  C'est ainsi que Descartes reconnaît un caractère rigoureusement scientifique à la démarche tentée par Archimède dans la résolution de certains problèmes mathématiques. Le savant grec aurait su diviser un problème complexe en questions simples et en conduire la résolution sous la forme d'une démonstration certaine et évidente. En revanche, et toujours selon Descartes, Galilée aurait procédé par accumulation d'expériences et sans être capable de formaliser et d'exposer clairement les règles de sa méthode. Autant dire que sa démarche n'était pas scientifiquement fondée, quelque puisse être par ailleurs l'importance de ses découvertes.

    B - On pouvait soutenir dans un second temps le point de vue inverse et donc essayer de montrer qu'il est impossible de déterminer des critères de la scientificité susceptibles de valoir pour toutes les sciences et à toutes les époques. Cette perspective relativiste et historiciste est celle de "l'anarchisme méthodologique", adopté par Paul Feyerabend.  Comment, en effet, admettre que la physique d'Aristote a quoi que ce soit en commun, du point de vue de sa méthode et de sa visée, avec la physique de Newton ? Et, au nom de quoi, par ailleurs, refuser d'accorder à la démarche de Newton ou d'Aristote le qualificatif de "scientifique" qu'elles revendiquent pour elles-mêmes ? Dès lors il faudrait admettre l'impossibilité d'une détermination a priori des conditions et des critères de la scientificité. Devrait être considérée comme scientifique toute démarche de connaissance qui se présente comme telle, pour autant que le concept de science lui-même se construit et s'altère au fil de l'histoire des sciences.

    C - On pouvait dans un dernier moment de la dissertation se démarquer de ce relativisme dissolvant. Si les objets, les méthodes et peut-être même les visées de la science varient à l'infini, il est en revanche une exigence commune à tous les savants : celle de faire droit à la chose elle-même qui est à connaitre et dont il s'agit de rendre raison. En effet c'est le souci toujours plus aigu d'une correspondance très étroite du discours de la science avec son objet qui permet d'expliquer en les justifiant la diversification des méthodes et le remaniement constant des résultats. A ce compte, par exemple, les sciences humaines n'apparaitraient pas comme moins "scientifiques" que les sciences exactes. Mais simplement comme autrement rigoureuses. L'Histoire n'est pas moins scientifique que les mathématiques explique Heidegger dans Être et temps . Elle est seulement plus large quant à la sphère des fondements dont elle relève, puisque l'Histoire est d'autant plus "scientifique" qu'elle est plus attentive et plus fidèle à ce que peuvent avoir d'irréductiblement spécifiques l'aventure de l'homme dans le temps et le destin politique des peuples.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique